Miles Canyon en hiver
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Nos premiers pas à Whitehorse

Après quelques mois dans le Yukon, il est temps que je vous fasse un petit retour sur notre expérience. Est-ce qu’il y du boulot ? Comment trouver un logement ? Quelles sont les démarches administratives à effectuer en arrivant ? Dans cet article, je vous raconte notre déménagement et notre installation à Whitehorse, petite ville du Nord-Ouest du Canada.

Le plus compliqué : trouver un logement

On ne va pas se mentir : trouver un logement à Whitehorse, c’est l’enfer. Pire qu’à Vancouver, c’est dire. Heureusement pour nous, après un an sur la côte Ouest, nous étions habitués aux prix. Mais ça fait toujours un choc : comptez au minimum 700 $ pour une chambre dans une colloc’, 1500 $ pour un basement (un appartement en sous-sol sombre et triste, en d’autres termes), 1800 $ pour un semblant d’appartement correct. Voir (beaucoup) plus. Le problème ? La population ne cesse d’augmenter à Whitehorse, sans que le marché immobilier suive. Résultat : l’offre est bien inférieure à la demande. Donc, pire que de devoir vendre un rein pour vous loger, il se peut tout simplement que vous ne trouviez rien. Mon conseil est donc de vous y prendre le plus tôt possible, et de multiplier les contacts. Pour l’anecdote, nous avons « raté » un appartement car d’autres personnes avaient surenchéri sur le prix du loyer. Ça place le contexte.

Pour notre part, après avoir cherché la perle rare sans succès sur les sites traditionnels (Kijiji et Craiglist), nous avons publié une petite annonce, avec photo et présentation succincte de nos profils, sur le groupe Facebook Whitehorse, Yukon Property Rentals, ainsi que sur les babillards de l’Association franco-yukonnaise. Cette stratégie s’est avérée payante : nous avons été contactés par plusieurs propriétaires et avons visité quelques biens via Skype, depuis Vancouver. Notre choix s’est porté sur un appartement semi-meublé, moderne et lumineux, en plein centre, à dix minutes à pied de mon travail… pour la modique somme de 2200 $. Mais il est beau et on s’y sent bien, c’est le principal, non ? (Non, je sais, mais je dois m’auto-convaincre sinon j’ai envie de mourir).

Autre possibilité pour se loger à moindre coût : le home sitting, qui consiste à prendre soin du logement (et éventuellement des animaux) d’autres personnes en leur absence. Cela fonctionne assez bien à Whitehorse en hiver, le propriétaires ne pouvant pas laisser trop longtemps leur bien sans surveillance en raison du froid. Pour trouver les bons plans, mieux vaut être sur place et surveiller les petites annonces.

Centre-ville de Whitehorse
C'est cher. Puis on regarde par la fenêtre le paysage et on se dit que ça va encore.

Autres frais

À ce « petit » budget logement, vous devrez ajouter quelques frais supplémentaires, dont (probablement) une connexion Internet. Il existe un seul et unique fournisseur d’accès à Internet au Yukon, c’est Northwestel. Le prix ? Pensez à un chiffre. Multipliez-le par 3. Voilà, on devrait y être. Plus sérieusement, comptez 65 $ pour un abonnement basique. Plus si vous travaillez de la maison, comme nous.

Pour l’électricité, vous devrez contacter Atco. Bonne nouvelle : l’essentiel de l’électricité du Yukon provient de l’hydroélectrique (100% verte donc). Moi, ça me met de bonne humeur. En plus, il y a une échelle pour que les saumons puissent remonter la rivière malgré le barrage. Ce qui me met doublement de bonne humeur. Et me fait oublier que je paye plus de 100 $ chaque mois (il fait froid au Yukon, pour rappel). Nous payons également une centaine de dollars chaque mois pour remplir notre citerne à mazout, ainsi qu’une assurance habitation (30 $ par mois). Enfin, l’eau, comme partout au Canada, est gratuite. Ce qui nous amène à un total de :

 

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$ CAD tous les mois pour nos frais de logement.

Le plus facile : trouver un travail

Là, on est dans la partie facile. Le Nord canadien est une région en pleine expansion, notamment dans les secteurs du tourisme et de la construction. Le Yukon a le plus faible taux de chômage et le plus haut taux d’activité au Canada. Bien sûr, tout dépend de votre domaine : si vous travaillez dans un secteur très pointu, ce sera moins facile, même si l’ouverture de l’université du Yukon en mai 2020 devrait amener une multitude de nouveaux emplois.

À Whitehorse, le secteur public représente une part importante des emplois disponibles. Travailler pour le gouvernement du Canada ou le gouvernement du Yukon nécessite toutefois d’avoir une résidence permanente. Les autres emplois nécessitent un permis de travail (PVT, Mobilité francophone…), comme partout ailleurs au Canada. Une bonne connaissance de l’anglais est nécessaire, même s’il existe des emplois en français (par exemple à l’Association franco-yukonnaise (AFY), comme moi, ou encore dans l’une des écoles francophones de la ville).

La plupart des offres d’emploi sont publiées sur Yuwin. Vous pouvez obtenir de l’aide pour vos démarches auprès de l’AFY, n’hésitez pas à les contacter. Vous trouverez également des infos sur les sites de Travail-Avenir Yukon et de Direction Yukon.

Au niveau du salaire, tout dépend de votre secteur. Comme ailleurs au Canada, il vous faudra probablement accepter un salaire en-dessous de ce que vous gagniez en Europe. Votre expérience professionnelle acquise hors du Canada sera peu ou pas reconnue. Si vous parvenez à décrocher un poste au Gouvernement (fédéral ou du Yukon), vous gagnerez un (très) bon salaire, à partir de 50.000 $ et jusqu’à 120.000 $ par an. Dans les autres secteurs, l’on voit de tout. Le salaire minimum est de 12,71 $ par heure, mais il vous sera difficile de vivre avec si peu. Visez un salaire minimum de 20 $/heure pour vivre à peu près correctement, sans extra. Plus, c’est mieux, bien entendu. Sinon, vous ferez comme tout le monde et cumulerez plusieurs emplois.

Besoin de conseils sur comment rédiger un CV aux normes canadiennes ou réussir un entretien d’embauche ? Faites un tour sur mon article « Vancouver : comment trouver un boulot ? ».

Il existe également une autre possibilité assez répandue dans le Yukon : le woofing ou le helpx, qui consistent à échanger un certain nombre d’heures de travail (25h par semaine en général) contre le gite et le couvert. Envie de tester la vie de musher ou de travailler dans une ferme ? Foncez.

Panneau Bienvenue à Whitehorse
Toi aussi, tu veux une jolie photo devant ce panneau ?

Les démarches administratives

Si le Yukon est votre premier point de chute, il vous faudra avant toute chose vous procurer un numéro d’assurance sociale (NAS). Celui-ci est obligatoire pour pouvoir travailler au Canada. Pour ce faire, direction Service Canada, au Elijah Smith Building. N’oubliez pas : vous pouvez demander à être servis en français.

Après trois mois au Yukon, vous pouvez bénéficier d’un accès gratuit aux soins de santé. Il vous faudra pour cela demander une carte d’assurance-santé du Yukon. Pour l’obtenir, vous devez vous inscrire, en personne, auprès du gouvernement territorial à Whitehorse (204, rue Lambert, 4e étage).

Les immigrant-e-s peuvent utiliser un permis de conduire émis dans un autre pays pendant un maximum de 120 jours après leur arrivée au Yukon. Pour obtenir un permis de conduire yukonnais et faire immatriculer votre véhicule, présentez-vous au Bureau des véhicules automobiles. Attention, il vous faudra fournir deux preuves de résidence (si vous êtes en couple, pensez à mettre les deux noms sur les factures, ce sera plus facile pour ce genre de démarches). La mauvaise nouvelle : vous ne pourrez pas « simplement » échanger votre permis européen. Il vous faudra le repasser (théorique et pratique). Bonne nouvelle dans la mauvaise nouvelle : cela ne coute pas cher (20 $ par test).

Vous avez encore des questions ? Prenez contact avec l’AFY ou le Centre multiculturel du Yukon. Ces associations offrent de nombreux services d’aide à l’installation, comme des cours de langue, de l’assistance personnalisée à l’installation ou encore de l’aide à la recherche d’emploi.

Vue de Whitehorse depuis Grey Mountain
Whitehorse, depuis Grey Mountain. Ici, tu comprends le concept de "en pleine nature".

A bientôt ?

J’espère que cet article vous aura donné envie de venir me rejoindre dans le Nord. Et si vous voulez me remercier, n’oubliez pas que j’adore le chocolat et les bières belges ! Oui, j’écris des articles sur ce blog dans l’unique but d’obtenir des cadeaux. Et alors ?

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