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Les soins de santé au Canada : comment ça fonctionne ?

Le système de santé canadien est réputé pour être un des meilleurs au monde. Le niveau des soins y est plutôt élevé, le personnel médical bien formé et on y trouve un bon réseau d’hôpitaux publics et privés de qualité. Un de ses principaux avantages ? La gratuité des soins médicaux de base !

Néanmoins, si le pays offre d’excellents soins en cas d’urgence – infarctus, attaque cérébrale, cancer… –, beaucoup de soins moins urgents entraînent de longs mois, voire des années, d’attente. Les patient·es ayant besoin par exemple d’une prothèse de la hanche ou du genou, d’une opération de l’épaule, de la cheville ou de la cataracte, ou d’une consultation spécialisée doivent souvent patienter très longtemps. De plus, la médecine dite préventive y est peu développée et certains services de santé pourtant basiques, comme les soins dentaires, ne sont pas couverts par les régimes d’assurance provinciaux. La facture peut s’avérer salée !

Dans cet article, rédigé avec l’aide de Raphaël Reiter, fondateur de www.international-sante.com, je vous aide à mieux comprendre le système des soins de santé au Canada et dresse le portrait de la situation au Nouveau-Brunswick. 

Le système de santé canadien

Le système de soins de santé financé par l’État au Canada s’appelle le régime public d’assurance-maladie (medicare en anglais). La Loi canadienne sur la santé prévoit un système de santé universel garantissant à chaque citoyen·ne ou résident·e l’accès aux soins. Mais s’agissant d’un état fédéral, la Loi délègue aux provinces et territoires la mise en place et la gestion des soins de santé. Il n’y a donc pas un régime national unique, mais 13 régimes d’assurance-maladie provinciaux et territoriaux.

Le mode de financement de ces différents régimes est commun et géré au niveau fédéral en prévoyant des transferts des régions les plus riches vers les moins riches. Les grandes lignes des politiques de santé sont également dessinées par Ottawa, mais la gestion et de l’organisation des services de soins de santé sont sous la responsabilité des provinces et territoires.

Les différents régimes d’assurance-maladie provinciaux et territoriaux sont relativement indépendants : si vous changez de province ou de territoire (comme nous, ici ou ), vous devrez vous inscrire à un nouveau régime d’assurance-maladie.

Les soins de santé au Canada : bons ou mauvais ?

 Pendant longtemps, le système de santé canadien a été réputé comme l’un des meilleurs au monde, notamment pour sa gratuité. Aujourd’hui, ce n’est malheureusement plus le cas. Depuis quelques années, le pays accuse un sérieux manque de médecins, ce qui se ressent sur la difficulté à trouver un·e médecin de famille. Les hôpitaux publics se révèlent quant à eux surchargés, avec un manque de personnel et des files d’attente très longues dans tous les services.

Les soins de santé au Canada : comment ça fonctionne ?

Les services de soins de santé primaires sont les premiers points d’accès au système de santé au Canada. Ces soins primaires sont délivrés par les médecins de famille ou les Walk-in Clinics. Notez que l’attente peut être longue pour obtenir un médecin de famille dans certaines provinces (plus de 3 ans actuellement au Nouveau-Brunswick, par exemple).

Les Walk-in Clinics sont des cliniques avec ou sans rendez-vous où vous pourrez être soigné·es pour les maux de la vie courante. Malheureusement, il vous sera difficile d’obtenir un suivi pour une maladie chronique, par exemple. En cas de blessure ou de maladie plus graves, sans médecin de famille, vous n’aurez pas d’autres choix que de vous rendre aux urgences des hôpitaux.

Notez qu’il est courant au Canada de se rendre directement à la pharmacie quand on est malade. Un·e pharmacien·ne écoutera vos symptômes et pourra vous prescrire des médicaments de base. Quand je dis « pharmacie », ne vous attendez pas à une pharmacie du genre de celles que l’on voit en Belgique ou en France. Les pharmacies se trouvent dans les drugstores comme Shoppers ou London Drugs.

Pour consulter un·e spécialiste, vous devrez être référé·e par un·e médecin généraliste. Faites-vous une raison : les listes d’attente sont longues. A titre d’exemple, j’ai un rendez-vous gynécologique prévu dans… six mois (heureusement, les médecins généralistes font les suivis de base).

Les différences culturelles dans la pratique des soins

Le système de santé canadien est à l’image de la population et essaie de respecter au maximum les habitudes culturelles de chacun·e. Néanmoins, ici comme ailleurs, le racisme systémique et le sexisme se font toujours sentir. Si vous êtes témoin ou vivez une discrimination, n’hésitez pas à en parler autour de vous et à porter plainte.

Cela dit, je trouve les médecins plus respectueux·euses ici qu’en Belgique. On vous demandera l’autorisation de vous toucher, on vous proposera un drap pour vous couvrir si vous devez vous dénuder, etc. D’un autre côté, vous serez souvent « expédié·es » : vous ne verrez le ou la médecin que quelques minutes, et n’essayez même pas de poser des questions pour un problème autre que celui pour lequel vous consultez.

Le système de santé au Nouveau-Brunswick

A votre arrivée au Nouveau-Brunswick, comme dans n’importe quelle autre province, vous devrez vous inscrire au régime public d’assurance-maladie. Toutes les informations pour s’inscrire sont disponibles sur le site du gouvernement du Nouveau-Brunswick. Il vous faudra attendre trois mois après votre arrivée avant de pouvoir vous inscrire à l’assurance-maladie.

Pour être admissible à l’assurance-maladie du Nouveau-Brunswick, vous devez avoir légalement le droit de rester au Canada et avoir établi votre résidence permanente et principale au Nouveau-Brunswick. Cette définition inclut les étudiant·es titulaires d’un visa d’études et les pvtistes.  

Pour obtenir des services de santé, vous aurez besoin d’une carte d’assurance-maladie du Nouveau-Brunswick. La carte d’assurance-maladie sera transmise dans un délai de 10 et 12 semaines après votre inscription. Cette carte est individuelle et sert de pièce d’identité.

Pour vous inscrire sur la liste d’attente pour un·e médecin de famille, c’est ici. Je vous conseille de le faire dès que possible.

Quelques particularités du système de santé néo-brunswickois

Il existe deux régies de santé au Nouveau-Brunswick : Vitalité au nord, Horizon au sud. Horizon fonctionne en anglais, Vitalité en français, mais les deux régies fournissent (théoriquement) des services de santé aux patient×es dans la langue officielle de leur choix. Les régies de santé gèrent les hôpitaux, les centres de santé communautaires et les divers centres de soins de la province. Le réseau Vitalité est présent dans les zones Acadie-Barthust, Beauséjour, Nord-Ouest, Restigouche. Le réseau Horizon est présent dans les zones centre et sud.

911 et 811, deux numéros à connaître 

Le 911 est le numéro à utiliser pour toute urgence. Il permet d’accéder aux services de police, de santé et d’incendie. Le 811 est un numéro local pour de l’information sur la santé et des questions non urgentes. Le numéro est accessible 24h/24 et permet de parler à des infirmières bilingues, qui pourront donner des conseils de santé et vous orienter si nécessaire vers les centres de soins ouverts près de chez vous.

Ce qui est pris en charge et ce qui ne l’est pas

Comme tout le monde au Canada, vous avez droit aux soins médicaux universels de base financés par le gouvernement. Vous aurez accès gratuitement aux soins de santé publics de base, qui comprennent les soins primaires, les examens prescrits par les médecins, les consultations de spécialistes, les hospitalisations, etc. Le reste sera à votre charge.

Selon la Société médicale du Nouveau-Brunswick, environ 70 % des services de santé au Nouveau-Brunswick sont payés par des programmes du gouvernement comme l’assurance-maladie. Il vous faudra donc prévoir un budget pour les 30 % restant.

Les médicaments sur ordonnance, les services d’ambulance, les soins des yeux, les lunettes et les soins dentaires ne sont généralement pas payé par l’assurance-maladie. Les patient·es sont responsables de payer les prestataires de ces services. Notez que ces services sont généralement plus chers qu’en Belgique ou en France : une visite chez le dentiste pour un examen, un nettoyage et un détartrage, par exemple, vous coutera environ 200 $ au Nouveau-Brunswick.

Concernant les médicaments, une assurance est proposée par la province. Ce régime médicament est facultatif et payant. Son coût dépend de votre revenu et de votre situation familiale. 

Les assurances privées canadiennes

Pour couvrir les frais des services de santé qui ne sont pas pris en charge par l’assurance-maladie publique, vous pouvez souscrire à un régime privé d’assurance-maladie.

Les régimes privés d’assurance maladie les plus courants sont des régimes d’assurance maladie complémentaire. Ils couvrent généralement les coûts liés aux médicaments sur ordonnance, soins dentaires, services de physiothérapie, services ambulanciers, soins des yeux, etc. Pour une famille de quatre personnes, comptez entre 100 et 300 $ par mois environ, selon les garanties choisies.

Notez que beaucoup d’entreprises offrent, en tant qu’avantage social, une couverture de santé supplémentaire.

Les assurances privées internationales

Les assurances-maladies internationales sont faites pour fonctionner dans tous les pays, y compris des pays où aucune assurance-maladie publique n’existe (comme aux USA et dans la plupart des pays d’Amérique du Sud, d’Afrique ou d’Asie). Ils sont peu compétitifs dans les régions où un système de santé publique existe déjà. Le tarif pour une garantie économique incluant l’hospitalisation, la médecine courante, l’optique ou le dentaire, coûtera ainsi au minimum 800 $ par mois chez un assureur international pour une famille de quatre personnes.

Si les assurances-maladies internationales s’avèrent chères, elles sont pourtant parfois nécessaires pour les personnes non-admissibles au système de santé publique, comme les personnes avec un statut de visiteur qui restent plusieurs mois au Canada. Notez que les coûts des hospitalisations au Canada, lorsqu’ils sont facturés, sont parmi les plus chers du monde.

Quand souscrire à une assurance internationale ?

Au Nouveau-Brunswick, il vous faudra attendre trois mois avant de pouvoir vous inscrire à l’assurance-maladie. Pendant ces trois mois d’attente, vous n’êtes pas couvert·es pour vos frais médicaux. Il est donc généralement recommandé de souscrire à une assurance-maladie internationale pendant cette période. Certains permis de travail, comme le PVT, exigent d’ailleurs une preuve d’une souscription à une telle assurance avant de vous laisser entrer au pays.

Pour les PVT, le plus simple, et le plus économique, sera de souscrire une assurance spéciale PVT pour les premiers mois. Ces assurances coûtent entre 30 € à 50 € par mois et incluent les frais d’hospitalisation, la médecine courante et le rapatriement. La couverture est limitée aux frais urgents et inopinés et ne prend pas en compte les conditions médicales préexistantes.  

Pour les personnes voyageant plus de 3 mois, une assurance voyage adaptée pourra être souscrite. Les coûts seront de 30 € à 90 € par mois pour des garanties équivalentes à celles des PVT.

En conclusion

Beaucoup d’entre vous me posent régulièrement des questions sur le système de santé au Canada. J’espère y avoir répondu dans cet article. N’hésitez pas à commenter pour partager vos expériences !

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